Les
synagogues dans l'Algérie coloniale au XIXe siècle, par Valérie Assan Oratoires retirés sous la domination
turque, souvent minuscules et délabrées, majoritairement privées, mais
la plupart du temps remplies d'un riche passé religieux et historique
et ainsi lieux de mémoire, les synagogues algériennes après la conquête
française furent victimes d'énormes destructions en raison des travaux
de voirie utiles à l'administration française, militaire comme civile.
Quand les consistoires algériens furent créés, les synagogues devinrent
un enjeu pour l'administration consistoriale et les rabbins venus de France,
et le problème se compliqua de l'appropriation des lieux de prière par
l'Etat, pourvoyeur de fonds usant d'un droit de regard sur les travaux.
La construction des synagogues dépendit alors des conceptions ambigües
que l'administration coloniale se faisait des Juifs. Les nombreuses et
grandes synagogues construites alors n'apparurent pas suffisantes pour
répondre à l'explosion démographique de la population juive d'Algérie,
les lois furent peu appliquées, et en fin de compte le culte demeura entre
les mains des rabbins indigènes. Même si la fin du siècle vit un changement
d'orientation lié à l'émergence d'une classe moyenne désireuse de s'assimiler,
les pratiques cultuelles restèrent largement traditionnelles Synagogues
in colonial Algeria in the XIXth century, by Valérie Assan Secluded places of worship under the Turkish rule, often tiny and decaying, mainly private, but most of the time full of a rich religious and historical past and thus actual places of memory, the Algerian synagogues after the French conquest were victims of huge destructions because of road works needed by the French administration, military as well as civilian. When Algerians consistories were created synagogues became ideological and political stakes for the consistorial administration and the rabbis coming over from France, and the problem got more complicated because of the appropriation of the places of worship by the State which provided grants and had the right to inspect the works. Building synagogues was then submitted to the ambiguous look of the colonial administration upon the Jews. The great many new synagogues did not appear sufficient to keep up with the demographic burst of the Jewish population, the rules were far from being obeyed, and, on the spot, worshipping remains un the hands of the indigenous rabbis. Even if, by the end of the century, a new trend is initiated because of the constitution of a middle-class aiming at assimilation, the ritual practices remain widely traditional.
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