Bergson, le temps et le judaïsme. Le débat des années soixante, par Margaret Teboul

La célébration du centenaire de la mort d'Henri Bergson en 1959 ouvre un nouveau chapitre des " lectures juives " des Deux sources de la morale et de la religion inaugurées en 1932. Bergson devient une figure discutée de l'assimilation. Pour E. Amado Lévy-Valensi et V. Jankélévitch, temps et création fixent les affinités entre Bergson et le judaïsme. V. Jankélévitch finit par penser que c'est comme philosophie de la plénitude que le bergsonisme se rapproche le plus du judaïsme. Ne plus lorgner vers l'éternité mais accepter la positivité du devenir fonde l'optimisme bergsonien. É. Amado Lévy-Valensi relie le sens de l'intuition bergsonienne à son ontologie. Elle pense le bergsonisme comme une philosophie de la germination dans laquelle le mal est présent mais surmonté. Le but de la création est, pour Bergson comme pour le judaïsme, de créer des créateurs ; maturation et création, le temps est la demeure de l'alliance entre Dieu et l'homme. V. Jankélévitch se contente de privilégier le mouvement qui dans Les deux sources amène Bergson à privilégier la marche vers l'avenir. La liberté prend un sens éthique dans un horizon d'attente dessiné par l'espérance messianique. Bergson permet aux deux philosophes de reconstruire l'avenir.
 
 

Bergson, le temps et le judaïsme. Le débat des années soixante, par Margaret Teboul

The celebration of the centenary of Bergson's birth in 1959 starts a new chapter in the "Jewish readings" of The Two roots of ethics and religion which began in 1932. Bergson becomes a contested figure of assimilation. According to Eliane Amado Levy-Valensi and Vladimir Jankelevitch, time and creation set similarities between Bergson and Judaism. Finally V. Jankelevitch is of opinion that as a philosophy of fullness, Bergson approaches Judaïsm. No longer are looking towards eternity but agreeing to the positivity of the future the two main features of the Bergsonian optimism. E. Amado Levy-Valensi links the meaning of intuition to its ontology. She conceives Bergsonism as a philosophy of germination in which evil exists but is overcome. The purpose of creation, according to Bergson as well as to Judaism, is to create creators ; maturation and creation, time is the place of the alliance of God and man. V. Jankelevitch merely favors the motion which in The Two roots leads Bergson to favor the progress towards future. Freedom assumes an ethical meaning in the landscape of expectation determined by the messianic expectation. Bergson allows these two philosophers to reconstruct the future.