Au nom des valeurs républicaines et de la mémoire des leurs : des militants de la laïcité face à l'affaire Finaly, par Chantal Thoinet

A partir du début de 1953 l'affaire Finaly suscita dans la presse laïque et anticléricale une explosion d'articles et de caricatures, dont les plus violents furent ceux de La Calotte et du Canard enchaîné. Leurs auteurs y dénonçaient la permanence de comportements hérités de l'antijudaïsme médiéval et de l'antisémitisme du XIXe siècle (affaire Mortara), la négation des acquis de la Révolution française en matière de liberté de conscience et d'égalité, un complot catholique international, un relais des persécutions nazies encore toutes fraîches... Au delà de la jubilation caustique des injures et des caricatures, on y verra un avatar de la lutte pluriséculaire entre l'esprit des Lumières et celui de la Foi, totalement imperméables l'un à l'autre. La franc-maçonnerie y vit un symptôme de déliquescence d'un gouvernement républicain incapable de faire respecter ses décisions. L'émotion de la presse retomba aussi vite qu'elle était montée ; seul Franc-Tireur, qui avait refusé qu'avoir sauvé la vie d'enfants puisse donner quelque droit que ce soit sur eux, continua à maintenir une pensée pour les enfants Finaly.
 
 

In the name of Republican values and in the memory of their own dead : secularist activists in front of the Finaly affair, by Chantal Thoinet

As soon as the beginning of 1953, the Finaly affair gave rise to a burst of articles and satirical cartoons in the secularist and anticlerical press, among which the harshest were those of La Calotte and Le Canard enchaîné. Their authors denounced the permanency of behaviors inherited from medieval anti-Judaism and the anti-Semitism of the XIXth century (the Mortara affair), a contradiction to their benefits of the French Revolution as concerns freedom of conscience and equality, an international catholic plot, the taking over of the still fresh Nazi persecutions. Far beyond the caustic exultation of insults and satirical cartoons, can be underlined here one of the misadventures of the multisecular fight between the spirit of the Age of Enlightment and that of Faith, totally impenetrable one by the other. Freemasonry described it as a sign of the decay of a republican government unable to make its decisions respected. In the press the stir died down as rapidly as it was aroused ; Franc-Tireur alone, which had refused to admit that the rescue of children could bestow some sort of power upon them, persisted in its concern about the Finaly children.