Jacob
Gordin en France : transfert de savoir ou malentendu culturel ?, par Cyril
Aslanov De Petrograd à Berlin, de Berlin
à Paris, de Paris au maquis, la trajectoire de Jacob Gordin apparaît comme
une pérégrination d'est en ouest. Compte tenu des différences entre le
modèle intellectuel français et les horizons scientifiques russe ou allemand,
l'empreinte dont Jacob Gordin a marqué la pensée juive en France s'intègre
dans la problématique du choc culturel. Pour mieux apprécier les enjeux
de ce choc, l'auteur choisi de recourir à la notion de paysage linguistique
pour mieux saisir les enjeux de la communication ou de la non-communication
entre Jacob Gordin et son public français. Cette sociolinguistique du
savoir permettra d'apprécier la spécificité d'une situation historique
particulière, celle de la rencontre d'un intellectuel juif russe polyglotte
avec des Israélites français monolingues. Mais le primat du linguistique
ne doit pas faire oublier l'importance d'autres facteurs, comme celui
de la différence des modèles épistémiques qui se manifeste dans la formation
de Gordin et de son public juif français. Ces deux axes impliquant respectivement
une grille d'analyse sociolinguistique et une approche épistémologique
nous serviront à mieux cerner les enjeux de la rencontre entre Jacob Gordin
et les jeunes Juifs français qu'il initia à un type de rapport inédit
avec la culture juive. Jacob
Gordin in France : transferring knowledge or cultural misunderstanding
?, by Cyril Aslanov From Petrograd to Berlin, from Berlin to Paris, from Paris to the maquis, the patch followed by Jacob Gordin appears as a travel from east to west. Taking into account the differences between the French intellectual trend and the Russian and German scientifical landscape, the influence of J. Gordin upon Jewish thinkers in France fits into the issue of a cultural collision. In order to reach a better assessment of what is at stake in this collision, the author chose to resort to the notion of linguistical landscape so as to understand more precisely the stakes of communication and non-communication between J. Gordin and the French audience. Such sociolinguistics of knowledge will enable to perceive the specificity of a particular historical situation, the encounter of a Russian polyglot Jewish thinker with monolingual French Israelites. But the primacy of linguistics must not lead to forget the importance of others factors, such as the difference between epistemic standards concerning the studies of Gordin and those of his French audience. Both these lines entailing respectively a sociolinguistic analysis and an epistemological approach will help to point more accurately the stakes of the encounter between J. Gordin and young French Jewish people whom he introduced to a new kind of relationship with the Jewish culture.
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