L'acculturation des israélites français au sionisme dans les années vingt, par Catherine Nicault


Les Juifs français, surtout des notables de gauche, se montrent plus disposés à s'ouvrir à lui pendant la Grande Guerre et les années vingt, une période où pourtant le " franco-judaïsme " est à son apogée. Pour résoudre le paradoxe, l'article examine les circonstances internationales (la création du Foyer national juif en Palestine sous l'égide de la Société des Nations, l'idéal pacifique incarné par cette institution), nationales (l'effacement apparent de l'antisémitisme qui autorise plus d'audace dans la définition identitaire), et surtout le bricolage idéologique qui donne naissance à cette époque à un " franco-sionisme " très particulier, interprétation humaniste, pacifiste et universelle du sionisme rendu ainsi d'autant plus acceptable qu'il doit beaucoup, étrangement, au vieux " franco-judaïsme ". Ce " franco-sionisme " qui irrigua le " Réveil juif " fut néanmoins éphémère : intimement liée à l'optimisme de la décennie qui suit la guerre, il ne pouvait survivre au retour des années sombres.
 
 

The acculturation of the French Israelites to Zionism in the twenties, by Catherine Nicault


The French Jews, mainly the left-wing notables, remained for a long time deaf to the lure of Zionism because of their commitment with the ideas of the "French Judaism" ; but after the first World War and during the twenties, they proved better disposed towards it, although that was a period when the "French Judaism" was at its utmost. In order to explain this paradox, the article analyses the international circumstances (creation of a Jewish Home in Palestine under the aegis of the League of Nations, because of the peaceful ideal embodied in this institution), the national ones (the apparent obliteration of anti-Semitism which allows a more audacious definition of one's identity), and mainly the ideological rush job which builds a very peculiar French Zionism, at the time a humane, peace-looking and universal meaning of Zionism which was then all the more accepted as, and this is strange, it owes much to the old "French Judaism". This "French Zionism" which irrigated the "Jewish awakening" did not last : strongly linked to the optimism of the ten years following the war, it was not able to survive to the arrival of the dark years.